Icône des rues, l'artiste américain émerge dans les années 70 au moment où la popularité du graffiti explose à New-York. Décorant les rames de métro ou la façade d'un bâtiment, le sexagénaire ne perd pas le coup de main au fil des années. Tout comme les artistes Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat, il opère auprès des plus adulés du milieu de l'art. Inondant nos galeries de son art abstrait, celui qui ne pensait pas dépasser l'an 2000, est aujourd'hui désigné comme une figure majeure du street art. Voici l'univers coloré de Futura.
Leonard McGurr dit Futura 2000 puise ses inspirations dans ce qui l'entoure. Inscrit à la School of Visual Arts, il apprend les techniques de dessin, de graphismes et le cinéma. Sur son chemin pour l'école, il s'émerveille devant les graffitis peints sur les murs et métros. À 15 ans, il commence donc à taguer dans les tunnels du métro de New-York et tente de trouver sa signature. C'est de là qu'il choisit le surnom "Futura 2000". Son pseudonyme s'inspire d'une voiture Lincoln du même nom et de la police d'écriture Futura créé par Paul Renner en 1927. Il y ajoute l'an 2000 à ses côtés, car vivant dans les années 70, il ne pensait pas voir l'aube de l'an 2000. Très vite, l'artiste se crée une routine, il tague le matin, au moment où les new-yorkais partent au travail. Il se faufile dans les tunnels, traverse les voies ferrées et les gares de dépôt aux côtés de ses amis Dondi, Zephyr et Quik. Chacun montait le guet à tour de rôle pour éviter de se faire prendre par la police. Les plans de l'artiste sont bouleversés lorsque sa peinture prend feu et blesse l'un de ses amis. Il décide alors de prendre du recul et s'enrôle dans l'armée pendant 4 ans, avant de faire son grand retour en 1979.
Au début des années 80, sa célèbre fresque Break, lui permet de se distinguer des artistes de son temps. Il est le premier à recouvrir toute la longueur d'un wagon de métro, sans lettrage. Futura est l'homme qui fait passer le street art dans nos galeries d'art. Pourtant, ce n'est pas son intention. Il confie au magazine Inrockuptibles qu'il a aidé son ami Quik à se faire repérer par Yaki Kornblit, un marchand d'art des Pays-Bas. L'artiste contemporain Keith Haring, reconnaissable par ses formes synthétiques colorées et entourées de noir, l'avait aidé à se frayer un passage dans les galeries d'art new-yorkaises. Désormais, il ne recouvre plus seulement les murs et les métros mais s'essaye aussi aux toiles de peinture. Son style évolue vers une forme d'art abstrait.
En 1981, Futura est exposé au P.S. 1, une galerie d'art contemporain affiliée au MoMA, le musée d'Art Moderne de New-York. L'exposition intitulée New-York/ New Wave, documentait la scène artistique underground et post-punk de la ville. Le musée accueillait d'autres artistes en vogue tels qu'Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat. Une exposition à succès qui ouvre des portes au virtuose du graffiti.
Futura 2000 participe au rayonnement du street art. Il peint sur scène lors des sessions de break dance du Rock Steady Crew mais aussi lors des concerts de Grandmaster Flash ou d'Afrika Bambaataa. En 1981, il rencontre le groupe de musique The Clash, de passage à New-York. Il réalise pour eux une bannière pour un concert et fini par les accompagner en tournée. De New-York, à Paris puis Londres, Futura peint à la bombe derrière les chanteurs. L'artiste déclare d'ailleurs : "Ce fut l'une des plus belles rencontres de ma vie". Cette opportunité lui permet, entre autres, d'être exposé pour la première fois à Paris dans la galerie d'Yvon Lambert. Puis, en 1982, il enregistre même le titre The Escapades of Futura 2000 avec The Clash, un manifeste pour le graffiti.
Novateur infatigable, il charme le public partout où il passe. L'art du graffiti est donc très vite adopté à l'international. Futura 2000 qu'on appelle désormais Futura, pousse les portes des plus grandes institutions comme la Fondation Cartier pour l'art contemporain et le Palais de Tokyo à Paris. Il est exposé dans les galeries et musées aux quatre coins du monde : du Japon à l'Italie en passant par Hong-Kong ou l'Allemagne etc. Pour l'artiste, la planète sert de "une toile géante" au mouvement du street art. Il étend ses ressources et ouvre son propre studio de design, Futura Laboratories, en 1997. Ce projet lui permet de collaborer avec des marques et des créateurs de mode comme Virgil Abloh, Karl Lagerfeld, Louis Vuitton, Off-White, Nike, Comme des Garçons...
Ces dernières années, sa notoriété l'amène aussi à présenter ses œuvres chez Colette, lors du retour éphémère du shop, en 2017 à Paris. Futura et Virgil Abloh partagent un amour commun pour la culture urbaine qu'ils ne restreignent pas à la rue. Ils passent ainsi de la conception de tee-shirts pour leurs proches aux défilés de mode. Futura peint à la bombe en arrière-plan lors du défilé Louis Vuitton Automne/Hiver 2019. Les créations de Futura inspirent ainsi plusieurs Nike Dunk Low, dont ces paires bleues et orange révélées lors du défilé en 2019.
Leonard alias Futura continue d'influencer le futur du street art. Icône populaire, il n'en est pas à son dernier coup de peinture. Une chose est sûre il y a laissé sa trace.
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Crédits photo : Wave/ School of Visual Art/ Futura/ Virgil Abloh
Le bouquet final : ce printemps sera fleuri !